Ces espaces en appellent d'autres comme autant de rêves qui n'ont pas encore été rêvés. Des souvenirs d'évènements qui n'ont pas eu lieu ou plutôt qu’on a du mal à percevoir, mais qui n'en demeurent pas moins présents si l'on reste un tant soit peu à l'écoute.

       L’album Hex de Bark Psychosis est un sortilège dans la mesure où celui-ci explore des territoires, des émotions qui rapprochent les vivants et les morts, la terre et cet infini qui ne peut, certes, être véritablement appréhendé, mais qui nous touche d'autant plus fortement (« Absent Friend »).

           On se souvient de Georges Perec qui nous invitait à lire l'espace afin d'intensifier sans cesse notre expérience du vivant, de tout ce qui a pu être, de tout ce qui aurait pu ou peut encore advenir. Cette « folie », peut-être, qui nous amène à refuser de choisir, à en arriver à vouloir vivre toutes nos vies dans un même souffle et donc à « ne pas vivre » comme on l'entend habituellement.
           Cette musique me fait ressentir ce que cela fait d'arpenter un espace, un terrain qui n'apparaîtra sur aucune carte en dépit de tous les efforts déployés aujourd'hui afin de vouloir tout recenser, de tout cartographier. Le terrain vague que l'on peut voir sur la photo décrite plus haut (et que l’on peut voir sur la toute première page de ce blog) continue à s'affirmer de par l’attention même qu’on lui accorde. 

           Ce que j’essaye de dire, c’est que même si cet espace a besoin d’une présence humaine pour exister, ce rapport est forcément ambigu. Il suffit d’un léger basculement pour que l’on passe d’une réaffirmation (forcément collective) d’une force vitale à sa désintégration progressive. Se pose sans cesse la question des rapports entre l’homme et son environnement qui, à chaque fois que leurs chemins se croisent, forment ce que l’on pourrait appeler des milieux de vie aux formes et aux contours sans cesse changeants.
         Un nouveau « milieu de vie » apparaît/ se transforme, selon moi, à chaque fois qu’il y a rencontre entre des êtres (vivants ou morts, humains ou non humains), autrement dit, à chaque fois que s’effectue une expérience sensible.

           Ce que j’entends par là n’est peut-être pas encore très clair, mais j’espère que cela le deviendra pour vous au fur et à mesure de l'écriture de ce texte. Pour l’instant, ce que je tente de décrire, c’est que l’existence de tels milieux de vie montre, s’il en est besoin, que d’autres mondes existent ou encore qu’il est possible de vivre autrement maintenant et de traverser des mondes qui, eux aussi, nous traversent.
           Il ne s’agit pas uniquement de lutter contre les modes de vie capitalistes, mais de s’appuyer sur nos contradictions pour donner naissance dès maintenant à d’autres manières de vivre, ce qui nous amène à nous poser la question suivante : quelles sont les possibilités pour l’homme et ses environnements d’aller au bout de leurs modes d’expression respectifs sans que cela n’entrave l’existence de chacun ?  

Commentaires

  1. Bonsoir François-Xavier. Je retombe sur ce texte avec plaisir, il fait écho à des pensées maintes fois ressenties. Je vais poursuivre ma lecture. J'espère que vous parvenez à bien vous porter en cette période difficile... A bientôt, Clara

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    1. Merci pour tout, chère Clara. Prenez bien soin de vous ainsi que de vos proches. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et à me donner de vos nouvelles. Je vous souhaite le meilleur.

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