Je souhaiterais maintenant parler du travail
d’un artiste qui a abordé, de manière plutôt inattendue, tout du moins au début
sa carrière, cette question de la disparition et de la transformation de milieux
de vie qui, dans son cas, prennent la forme de sons enregistrés sur un support matériel, en l’occurrence des bandes
magnétiques.
Il s’agit de l’artiste américain William
Basinski qui est connu pour ses œuvres sonores The Disintegration
Loops. Je vais rapidement rappeler l’histoire de la création de ces
pièces, mais ne m’étendrai pas là-dessus, parce que je souhaite
davantage prendre le temps pour essayer de m’exprimer sur les sensations que j'ai pu éprouver lors de l’écoute d’une autre pièce de Basinski (qui ne fait pas partie du
cycle des Disintegration Loops). Je reviendrai donc, dans un prochain message, sur les
conditions particulières d’une écoute (sans aucune prise de substance
illicite !) qui m’a marqué et qui, j’en suis convaincu, ne relève pas
simplement d’une expérience esthétique.
L’histoire entourant la création du premier
volume des Disintegration Loops est restée célèbre. Fin août
2001, dans son appartement new-yorkais, William Basinski poursuit un travail
d’archivage ou plutôt de numérisation de bandes magnétiques sur lesquelles il
avait enregistré de la musique à base de boucles sonores au début des années
80. Au bout de quelques minutes, il constate que la bande magnétique ne cesse de se détériorer au fur et à
mesure qu’elle défile et que ce qui est en train d'être archivé est non pas ce
qui avait été initialement enregistré, mais le processus même de dégradation du
médium, du « milieu de vie » qui avait permis à cette musique
d’être préservée.
Alors qu’il est en train de réécouter une de ces bandes le matin du 11
septembre 2001, Basinski est témoin des
attentats des tours du World Trade Center qu’il pouvait voir depuis son balcon. Tandis que
résonne, tout au long de cette journée, cette musique aux accents de marche
funèbre, Basinski décide de poser sa caméra et filme les dernières heures
du jour alors que la nuit est en train de tomber sur un paysage de fumée.
Vous pouvez écouter et regarder la vidéo de The Disintegration Loops 1 en cliquant ici, mais dans le cadre de ce "blog", j'ai préféré inclure le morceau ci-dessous.
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