Récemment, j’ai réécouté le disque « Mappa Mundi » du duo drøne (Mike Harding & Mark Van Hoen) que j’avais un peu oublié et j’ai tout de suite repensé à ces paroles extraites de « We Want War » :
 
« Secret recordings were made in the marsh,
I bore a hole in the tree just to see,
Knights dance in molecules... »   


      Dans la première partie de « Mappa Mundi », on entend ce qui ressemble à des coups de massues sur du métal, des coups qui se trouvent en légers décalages les uns par rapport aux autres, le tout résonnant dans un espace caverneux. J’ai toujours eu l’impression en écoutant cette pièce d’entendre des sortes de « scientifiques artistes » qui essayaient, en vain, d’aller au cœur de la terre, de ses vibrations les plus primordiales, pour déterrer ces « enregistrements secrets » et tenter de percer le « secret de l’égalité ». 

     
      Étant donné qu’il s’agissait, dans mon imagination, de scientifiques, il n’était pas étonnant de les entendre extirper des profondeurs des sonorités improbables. En effet, une fois arrivés au centre de la terre, nos « scientartistes » captent avec leurs appareils toute une série de transmissions sonores qui semblent paradoxalement venir de l’éther, cette dernière partie du morceau étant particulièrement hypnotique.

      Toutefois, j’ai écrit que ce travail me semblait avoir été effectué « en vain ». En effet, autant les ondes sonores captées sont fascinantes, autant elles demeurent abstraites, impossibles à déchiffrer. Comme nous le rappellent les « chevaliers qui dansent dans les molécules » dont il est question dans le morceau « We Want War » de These New Puritans, des enregistrements secrets ont été disséminés ici et là, mais il semble être impossible d’en décrypter le sens : 
 
« "We hold all the secrets, we hold all the words; 
But they're scrambled and broken so you'll never know" ».

      Je trouve que « Mappa Mundi » de drøne est une pièce magnifique. Je n’avais jamais fait le rapprochement avec « We Want War » avant d’écrire ce texte. En revanche, j’ai toujours eu l’impression que « Mappa Mundi » (ne serait-ce que par le choix de son titre) traduisait l’impossibilité, pour des artistes qui se prendraient pour des scientifiques (ou inversement), de vouloir tout disséquer, tout cartographier.


      Certains imaginaires résistent à tout projet de recensement, particulièrement ceux qui se situent à la lisière de l’abstrait et du concret. 


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