Je me demande encore
pourquoi cette musique m'a tellement touché lorsque je l'ai découverte pour la
première fois en 1991 et pourquoi elle me parle toujours autant. Il y a quand
même quelque chose d'unique propre à la musique de Talk Talk pour quiconque a
grandi dans les années 80. Rappelons que ce groupe est plus connu pour ses
tubes et on sait à quel point on peut être marqué par ce qu'on a écouté
adolescent.
J’ai ainsi ressenti quelque chose de très beau lors d'un concert donné à Pantin par une formation de jazz du nom de Benzine en octobre 2013. Ce quatuor, porté, entre autres, par les musiciens Franck Vaillant et Sarah Murcia, avait décidé, en effet, de reprendre sur scène et dans son intégralité le disque Laughing Stock de Talk Talk. A ma connaissance, cela n’avait jamais été fait auparavant.
Non seulement le cadre pour écouter cette musique était idéal (un petit théâtre avec une quarantaine de personnes environ), mais ce lieu se trouvait également à deux minutes à pied de la maison de mon enfance, comme s’il était logique que cette musique en vienne à se déployer pour la première fois sur scène dans ce périmètre.
En 1986, la vidéo de la chanson « Life's What You Make It » m'avait beaucoup impressionné. On y voit
les trois membres du groupe, isolés les uns des autres, la nuit, dans la forêt.
La caméra s'arrête autant sur les musiciens que sur la faune qui peuple cette
forêt (animaux, insectes....) et, de temps en temps, un halo de lumière blanche
passe à travers les arbres. J'aime également le dessin qui orne la pochette du
disque et sur laquelle on peut voir un très beau papillon.
Avec les années,
j'ai le sentiment que cette musique m'a toujours accompagné, comme si ce que
l'on peut entendre sur les disques Spirit of Eden (1988) et Laughing Stock (1991) était déjà présent en
1985-1986. D'une certaine façon, je pense sincèrement que c’était le cas et en
écrivant cela, je ne suggère pas que l'on pouvait déjà entendre les prémisses
de leurs albums plus « expérimentaux » dès cette époque. Ce n'est pas une
question de « prémisse », me semble-t-il.
J'ai toujours trouvé que ce qui faisait la force de cette musique, c'était qu'elle se
devait de voir le jour, que c’était une nécessité et qu’une telle démarche abolit,
d’une certaine façon, notre perception d’un temps chronologique. En effet, lorsqu’on
se situe sur le terrain de l’émotion, je ne suis pas certain que l’on puisse
parler de « temps » au sens où on l’entend habituellement, comme une
succession de causes et d’effets. Entrer « en émotion » avec une
musique nous amène à ressentir des sensations indéfinissables où il n’est
question ni de mélancolie, ni d’espoir.
Ainsi, j’ai
l’impression d’avoir toujours éprouvé les sensations que j’associe aujourd’hui
à Talk Talk lorsque j’écoutais ce 45 tours de « Life’s What You Make
It » dans ma chambre en 1986 dans la maison de mon enfance. Il s’agit,
pour moi, d’un même continuum d’émotions qui ne s’appuie pas nécessairement sur
l’enchaînement rationnel des expériences humaines, mais qui tisse des liens
entre différentes formes d’existence, certaines se situant au-delà de notre
compréhension.
J’ai ainsi ressenti quelque chose de très beau lors d'un concert donné à Pantin par une formation de jazz du nom de Benzine en octobre 2013. Ce quatuor, porté, entre autres, par les musiciens Franck Vaillant et Sarah Murcia, avait décidé, en effet, de reprendre sur scène et dans son intégralité le disque Laughing Stock de Talk Talk. A ma connaissance, cela n’avait jamais été fait auparavant.
Non seulement le cadre pour écouter cette musique était idéal (un petit théâtre avec une quarantaine de personnes environ), mais ce lieu se trouvait également à deux minutes à pied de la maison de mon enfance, comme s’il était logique que cette musique en vienne à se déployer pour la première fois sur scène dans ce périmètre.
J’ai, bien sûr, été
très ému de pouvoir entendre cette musique dans de telles conditions et après
avoir parlé brièvement au musicien Franck Vaillant après le concert, celui-ci
m’a dit avoir vu à quel point j’avais été touché. C’était très émouvant, en
effet, d’avoir eu la possibilité d’entendre cette musique résonner dans tout
mon être alors que j’étais proche de la maison de mon enfance, un lieu qui,
encore aujourd’hui, occupe une place centrale dans les rapports que
j’entretiens à l’infinité des mondes possibles et des sensations qui s’y
rapportent.
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