Même si les artistes dont je vais parler à partir de maintenant se réfèrent à des genres ou des styles a priori plus identifiables que ceux dont j'ai parlé précédemment, il s’agit bien plus, en ce qui me concerne, que d’une « simple » réappropriation de formes musicales, leurs propositions contribuant, selon moi, à créer d’autres milieux de vie. Je vais essayer d'expliquer ce que j'entends par là au fur et à mesure des prochains messages. 

     Un exemple qui m’a particulièrement frappé est celui du guitariste américain Loren Connors. Celui-ci est connu pour sa manière très singulière de jouer le blues, son geste étant plus proche d’une forme d’expressionnisme abstrait qui aurait été transposée dans le domaine musical. J’ai inclus un lien YouTube dans le message suivant (daté du 1er février 2020) avec un album que je considère comme étant l’un de ses plus beaux, Sails (2006), ce disque étant, me semble-t-il, assez représentatif de ce que Connors a pu produire pendant de nombreuses années.

     J’ai commencé à écouter la musique de Connors il y a déjà quelques temps (2004 environ), mais j’ai été particulièrement marqué par l’écoute récente (décembre 2017) de la deuxième face du disque The Departing Of A Dream, Vol. V.

     Il y a quelques années, on a diagnostiqué chez Connors la maladie de Parkinson. Il ne peut donc plus jouer comme il avait l'habitude de le faire et utilise dès lors sa guitare électrique comme un générateur de sons abstraits. Sa musique a donc pris une dimension de plus en plus atmosphérique, ce qui est renforcé par la prise de son qui donne parfois l’impression que sa guitare résonne dans une caverne. A certains moments, on entend clairement l'impact des gestes de Connors, d’autres fois les sonorités sont tellement abstraites qu’elles deviennent autonomes comme si elles avaient pris vie.


     C’est ce que je ressens à chaque fois que j’écoute le morceau mentionné plus haut (en lien ci-dessous). La première fois que je l’ai entendu, j’ai même eu l’impression que les sons me touchaient, physiquement, qu’ils étaient devenus comme une forme de vie à part entière. On sent bien, dans la démarche de Connors, cette volonté d’aller au cœur d’une même vibration qui est aussi bien celle du corps que du cosmos. 

     
On retrouve, sous une forme plus « nue », me semble-t-il, la même énergie que celle qui circule dans les musiques dont j’ai parlé précédemment, cette énergie qui ouvre les portes de la perception dont parlait William Blake.


                                                                           To be continued...


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