« Ai-je bien entendu cette note ? Peut-être a-t-elle été produite de manière non-intentionnelle étant donné que l’ensemble de sons que l’on entend dans ce morceau sont étouffés ? Ça doit sûrement être dû au hasard, cette artiste cherchant, peut-être, à masquer ses limites par l’utilisation excessive de la réverbération ? » 

        Au cœur du morceau « Vapor Trails » de l’artiste américaine Grouper (Liz Harris), la mélodie esquissée au sein des premières minutes du morceau commence à se transformer, comme si elle se libérait de la structure harmonique de ce qui est bel et bien une chanson, même si cette dernière semble venir d’un autre monde. Résonne alors une simple note de guitare cristalline. Une seule note qui semble avoir été jouée par erreur. Au bout d’un moment, on réalise que cette note n’était pas là par hasard, car elle réapparaît ensuite à deux reprises. 

        En écrivant ces lignes, je réalise que cette note est comme une sorte d’incantation qui ouvre les portes d’un autre monde qui n’est pas uniquement musical. Il s’agit, selon moi, d’un espace libre, généreux qui donne la possibilité à chacun.e de suivre tous les chemins imprévisibles qu’il/elle voudra bien suivre (les chemins vaporeux qui donnent le titre à ce morceau).  
       Néanmoins, la traduction exacte du mot « trail » n’est pas « chemin », mais plutôt « sentier » ou encore « trace », ce qui pourrait signifier que des corps sont déjà passés par là. Présence et absence sont intimement liées. Ces traces sont-elles là pour nous servir de guides ? Peut-être, mais ces sentiers sont « vaporeux » en ce qu'ils ne cessent de changer de formes au fur et à mesure qu'on les arpente. 

       Lieux (réels, imaginaires), tonalités, corps en mouvement : d'autres entités semblent émerger de par ces croisements. 

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