Dans le premier message daté du 17 février 2020 (toutes les dates sont fausses, vous l’aurez compris), je finissais ce que j’ai appelé un premier « témoignage » avec la phrase suivante : «  (…) j’ai toujours eu le sentiment que les musiques qui me touchaient le plus étaient de cette sorte, des musiques qui vous invitent à franchir des seuils, qui vous accompagnent à chaque instant de votre vie, tout cela dans la plus grande discrétion, principalement par le biais de sons et d’atmosphères. »

       L’aspect « technique » n’a donc, en ce qui me concerne, jamais occupé une place très importante. A titre d’exemple, il m’a fallu plus de vingt ans avant de réaliser que le motif de guitare électrique qui accompagne la dernière partie du morceau « New Grass » de Talk Talk correspond, en fait, à un seul et même accord. Pendant toutes ces années, je ne m’en étais jamais rendu compte, les sonorités qui se dégageaient de la guitare et de l’ensemble des arrangements de ce morceau étant tellement intenses (je reviendrai sur ce morceau dans un prochain post). L’avantage de ne pas être véritablement musicien ! 

      C’est comme ce morceau du duo californien The Blithe Sons (Glenn Donaldson et Loren Chasse) qui enregistrait leur musique en extérieur dans des endroits plutôt insolites, tels que des grottes au bord de la mer ou encore dans d’autres lieux inhabituels dont les propriétés acoustiques les intéressaient. 

       
        Ainsi, je me souviens avoir fait écouter à un de mes amis avec qui je jouais de la musique à l'époque un morceau intitulé « Sun Anemone » sur l'album Arm of the Starfish (2004) en présence d’autres personnes. Cet ami avait alors réagi en disant quelque chose qui revenait à dire « On voit bien quand quelqu’un ne sait pas jouer de la musique. » Et pourtant, je n’avais pas remarqué que cette chanson évoluait autour d’un seul accord de guitare acoustique. 
      C’était sans compter la présence de la mer ou plutôt des sons de vagues que l’on perçoit très clairement tout au long de ce morceau. L’ensemble était tellement doux, mystérieux et lumineux à la fois. 

        Avec ce genre d’exemples, je n’ai jamais pensé en termes de « musique » et encore moins en termes de « musiciens ». De tels paysages sonores nouent d’autres types de relations avec leurs auditeurs. Les sensations éprouvées laissent entrevoir des pistes nouvelles ou oubliées, peut-être celles de ces « avenirs perdus » dont parlait Mark Fisher. Des avenirs dont on ressent pourtant la présence à la lisière de nos perceptions limitées.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog