« From Gardens Where We
Feel Secure » (1983) est le disque le plus connu de l'artiste
anglaise Virginia Astley qui, en plus d'être musicienne, est également
photographe et poète. Ce disque est inclassable. J'aime à dire qu'il est trop
mélodique et « doux » pour les amateurs de musique expérimentale, pas
assez pop pour les amateurs de ce genre, trop ou pas assez minimaliste selon
les goûts.
J'ai découvert ce disque un peu par hasard en 2003 et ai été saisi par son charme très anglais. En repensant à tout ce que j'ai écrit depuis le début de ce texte ainsi qu'au titre de ce disque, j'interprète ce dernier différemment aujourd'hui.
En effet, la première impression que peut donner l'écoute de cette musique (tout en gardant à l'esprit le titre), c'est que celle-ci se réfère davantage à une forme de fantasme qu'à une réalité : le refuge que l'on pourrait trouver dans un retour (?) à une vie plus juste, plus proche de la nature, par exemple. On pourrait ainsi estimer qu'il s'agit d'une démarche illusoire et forcément naïve et qu'il n'existe pas d'endroit dans ce monde dans lequel on pourrait se sentir « en sécurité » (comme le sous-entend le titre du disque) à moins que de tels lieux n'existent uniquement dans nos coeurs (dans ce que l'on pourrait considérer comme un « retour » à une forme d'innocence perdue qui, de plus, n'aurait jamais existé).
Quand je repense à ce disque et à ce titre, je visualise aujourd'hui (au moment où j'écris ces lignes) cette photo que l'on trouve à l'intérieur de la pochette du disque du groupe anglais Epic45, « Through Broken Summer » (2018). J'avais brièvement mentionné cette photo au début de ce texte. On y voit, au premier plan, un arbre sur lequel est attachée une pancarte « CCTV In Operation » qui nous signale que cette zone est placée sous vidéosurveillance.
Pour moi, le « message » du groupe est clair : le pire cauchemar serait que nos émotions, nos moindres espaces de liberté soient surveillés, évalués (quant aux éventuels risques qu’ils pourraient constituer en tant que potentiels de contestation) afin d’être éventuellement placés sous contrôle, voire d'être tout simplement éradiqués au profit d'imaginaires plus conformes au modèle de société défendu par nos dirigeants/dominants.
Le titre de l'album de Virginia Astley, « From Gardens Where We Feel Secure », prend ainsi, pour moi, une toute nouvelle signification. Il s'agit de partir et de revenir sans cesse à des sensations qui échappent au « tout sécuritaire » parce qu'elles sont justement insaisissables, incalculables, en mouvement permanent.
On pourrait ainsi (mal) traduire le titre de la manière suivante : cette musique provient de jardins "à venir", de ces ilots de liberté à réinventer en permanence et qui peuvent être à la fois des lieux bien réels et des espaces intérieurs partagés qu’on ne peut nous enlever ; des espaces tissés de sensations qui nous rappellent que tout est sans cesse possible.
J'ai découvert ce disque un peu par hasard en 2003 et ai été saisi par son charme très anglais. En repensant à tout ce que j'ai écrit depuis le début de ce texte ainsi qu'au titre de ce disque, j'interprète ce dernier différemment aujourd'hui.
En effet, la première impression que peut donner l'écoute de cette musique (tout en gardant à l'esprit le titre), c'est que celle-ci se réfère davantage à une forme de fantasme qu'à une réalité : le refuge que l'on pourrait trouver dans un retour (?) à une vie plus juste, plus proche de la nature, par exemple. On pourrait ainsi estimer qu'il s'agit d'une démarche illusoire et forcément naïve et qu'il n'existe pas d'endroit dans ce monde dans lequel on pourrait se sentir « en sécurité » (comme le sous-entend le titre du disque) à moins que de tels lieux n'existent uniquement dans nos coeurs (dans ce que l'on pourrait considérer comme un « retour » à une forme d'innocence perdue qui, de plus, n'aurait jamais existé).
Quand je repense à ce disque et à ce titre, je visualise aujourd'hui (au moment où j'écris ces lignes) cette photo que l'on trouve à l'intérieur de la pochette du disque du groupe anglais Epic45, « Through Broken Summer » (2018). J'avais brièvement mentionné cette photo au début de ce texte. On y voit, au premier plan, un arbre sur lequel est attachée une pancarte « CCTV In Operation » qui nous signale que cette zone est placée sous vidéosurveillance.
Pour moi, le « message » du groupe est clair : le pire cauchemar serait que nos émotions, nos moindres espaces de liberté soient surveillés, évalués (quant aux éventuels risques qu’ils pourraient constituer en tant que potentiels de contestation) afin d’être éventuellement placés sous contrôle, voire d'être tout simplement éradiqués au profit d'imaginaires plus conformes au modèle de société défendu par nos dirigeants/dominants.
Le titre de l'album de Virginia Astley, « From Gardens Where We Feel Secure », prend ainsi, pour moi, une toute nouvelle signification. Il s'agit de partir et de revenir sans cesse à des sensations qui échappent au « tout sécuritaire » parce qu'elles sont justement insaisissables, incalculables, en mouvement permanent.
On pourrait ainsi (mal) traduire le titre de la manière suivante : cette musique provient de jardins "à venir", de ces ilots de liberté à réinventer en permanence et qui peuvent être à la fois des lieux bien réels et des espaces intérieurs partagés qu’on ne peut nous enlever ; des espaces tissés de sensations qui nous rappellent que tout est sans cesse possible.
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