La première fois que j'ai écouté « Double Negative » et plus particulièrement les trois premiers morceaux, j'ai été saisi, comme beaucoup de personnes, j'en suis sûr, par la radicalité des traitements sonores appliqués aux chansons. Bien sûr, il existe des musiques aux sonorités bien plus extrêmes, mais il était certain que ce nouveau disque de Low allait en déconcerter plus d'un.

      
       Je ne souhaite ni effectuer une chronique du disque, ni tenter de décrire en détails ce qui s'y passe. J'aimerais néanmoins souligner que j'ai tout de suite été très touché par ce que j'ai entendu et je pense qu'inconsciemment les mots figurant dans la dédicace à Phil Perry (voir message daté du 26 décembre 2019) ont dû à nouveau résonner en moi lors de cette première écoute.

      Dès le premier morceau, les voix ont du mal à se faire entendre. On a l'impression qu'elles sont prises dans un filet inextricable de données numériques, elles-mêmes sujettes à une multitude de déformations et de manipulations. Après tout, la voix n’est qu'un signal parmi tant d'autres que l'on peut effacer, copier/ coller, modifier à volonté, mais on ne peut pas toujours tout réduire au silence. 
     Il arrive que des voix, des émotions arrivent à passer au travers de ces vagues d’informations plus contradictoires les unes que les autres. D’une certaine façon, on pourrait dire que le groupe nous fait entendre les impacts d’un processus de déshumanisation sur des corps qui, dès lors, ne sont plus que des donnés chiffrées parmi d’autres. Mais il n'y a pas que cela. Il y autre chose, me semble-t-il...

      Le premier morceau du disque intitulé « Quorum » nous rappelle que le terme de démocratie est sans cesse galvaudé. Peu importe que le quorum ait été ou non atteint, tout est déjà joué d'avance au profit des intérêts les plus égoïstes, bien sûr :
« Quorum's not the reason. Selfish interest. You've got to break the quorum. (...)
It started up with nothing. To let them win the war. So fast and quick we ran. I couldn't help but notice. » 

     Non seulement les voix masculine (Alan Sparhawk) et féminine (Mimi Parker) sont  brouillées à la limite de l'intelligible (à une exception près), mais les instruments sont, eux-aussi, soumis à des formes de saturations extrêmes. Ainsi le volume sonore baisse-t-il d'un cran à chaque fois que résonne la pulsation qui ponctue le morceau, ce qui, forcément, donne l'impression à l'auditeur/rice que l’enregistrement présente un défaut, qu'il doit y avoir une erreur au niveau du mixage sonore.

      Mais non.

     Ce que vous entendez est bien ce que le groupe a souhaité proposer, mais le plus important, le plus émouvant, c'est que chaque effet sonore entretient un lien étroit avec ce qui est dit dans les paroles. 

                                                                                           I'm tired of seeing things
                                                                                            You put away the book


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