Je souhaiterais maintenant parler de la musique d'un groupe anglais apparu à la fin des années 2000. Cette formation porte le nom de These New Puritans et est constituée de deux frères jumeaux, George et Jack Barnett, les autres musiciens qui les accompagnent pouvant changer au fil des années. Ils ont sorti quatre disques en l'espace de dix ans, tous très différents les uns des autres.

      Davantage que le « simple » fait d’être déjà profondément originale, à la fois exigeante et immédiate (si l'on peut dire), ce qui fait la force, me semble--il, de la musique de These New Puritans, c'est qu'elle part et revient sans cesse à des univers de sensations qui, en se transformant, permettent à leurs (chan)sons de trouver leurs propres formes. 
      Le processus ayant mené à la création de « Where The Trees Are On Fire » est, de ce fait, assez révélateur de cette disposition (voir message daté du 31 janvier 2020). 


      On pourrait dire, en paraphrasant Rivette (cf. message daté du 21 janvier 2020), qu’avec These New Puritans, au(x) même(s) moment(s) où se déploient les mélodies et les rythmes, les gestes n’interviennent jamais uniquement pour leur propre compte, mais toujours au nom de « quelque chose qu’on ne peut pas traduire, d’autre chose qui ne peut pas être dit parce que justement, c’est au-delà de l’expression. » 

      Ce n’est pas une volonté qui s’exprime, me semble-t-il, la musique se révélant à elle-même, malgré elle, si l’on peut dire.

L’auditeur.rice se trouve ainsi directement impliqué(e). Vous écoutez l’album Field of Reeds, mais vos pensées sont ailleurs. Vous êtes en train de rêvasser, mais vous ne vous en rendez pas compte. Et tout d’un coup, un micro-évènement, des sons, des gestes vous réveillent, vous amènent à éprouver d’autres manières d’être au présent, de telles sensations faisant émerger d’autres rapports d’existence entre la « vraie vie » et le rêve.

La musique de These New Puritans s’écoute, elle aussi, « avant de se réveiller ».

(Dans les notes de pochette de l’album Field of Reeds, le groupe remercie aussi bien les personnes qui ont travaillé à l’élaboration de ce disque que celles et ceux « qui travailleront dessus ») . 

 

      Un des morceaux les plus incroyables que j'ai jamais écouté s'appelle « We Want War ». Bien qu'il se situe dans la continuité de ce qu'on appelle le post-punk, je ne connais rien qui ressemble à ça.
      
     Cette musique n'est pas là pour vous amener à traverser des mondes ou pour vous faire entendre d'autres avenirs possibles. Cette fois, on a l'impression que ce sont ces autres avenirs, ces autres milieux de vie qui s'adressent directement à nous et nous interpellent comme s'ils nous disaient :  

« Nous souhaitons simplement avoir le droit d'exister, mais si vous voulez nous détruire, vous aurez la guerre.  
Nous la voulons ici et maintenant ! »

      Grâce aux chansons de These New Puritans, le paysage qui se trouve sur la pochette de « Hex » de Bark Psychosis, ce paysage de tous les possibles, prend alors une autre dimension. Il respire, pense et nous fait part de ses émotions au même titre que n’importe qui et comme toute forme de vie, il ne veut pas disparaître.
   
 
Some of these trees have been growing for years
The leaves on the floor must be five metres deep
The paths are a labyrinth or even a trap
Some tides don't turn... Some things never come back.

Secret recordings were made in the marsh
I bore a hole in the tree just to see
Knights dance in molecules, here's Galahad
They're rising back up, they're rising back up.

Shadows dance back up, it's happening again
If you listen carefully you might hear them whisper:
"We hold all the secrets, we hold all the words;
But they're scrambled and broken so you'll never know"

Can't you see them floating like black ash?
Can't you feel them crawling down your back?
Can't you feel them breathing down your neck?

Sea breeze, sea breeze


                                                        Je reviendrai sur cette chanson dans le prochain message...

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